Deux photographies ont été prises successivement de cette scène, dans la nourricerie du Familistère. Sur la première (inv. 1976-1-59), les nourrices donnent à manger aux nourrissons. La seconde saisit un moment de détente après le repas.

La salle à manger est improvisée dans l’espace d’entrée de la nourricerie, près de la cuisine qui se trouve derrière la porte, devant les lavabos et l’étagère à linge. Les petits bancs mobiles, sur lesquels ont pris place les nourrissons, ont été installés là pour l’occasion. Le mobilier est adapté à la morphologie des enfants en bas-âge. Les sièges sont dotés d’un dossier et d’accoudoirs ; une barre placée entre les accoudoirs empêche les plus petits de basculer vers l’avant ; les pieds des enfants reposent sur un plancher surélevé du sol.

Ce mobilier parfaitement étudié, les habits soignés des enfants, l’abondance du linge sur l’étagère, les beaux jouets occupant le premier plan, et, enfin, la présence de trois nourrices attentionnées et souriantes, donnent à la scène un caractère d’aisance tout à fait frappant. L’image exprime ainsi avec éloquence l’idée familistérienne de la richesse au service du peuple.

Grâce à l'étude de la correspondance de Marie Moret entamée en 2021 au sein du projet FamiliLettres, cette photographie est désormais attribuée à Marie-Jeanne Dallet (1872-1941), nièce de Marie Moret, qui pratique la photographie en amatrice dès 1897. Ses vues du Familistère, qualifiées par Marie Moret d' « intéressantes et instructives », ont servi à la réalisation de diapositives pour conférences avec projection, données entre autres par Auguste Fabre. Une partie de ces vues a également servi d'illustrations pour la brochure Le Familistère illustré… parue à l'été 1900 et co-écrite par Auguste Fabre, Jules Jean Prudhommeaux, Émilie et Marie-Jeanne Dallet.

Sources et bibliographie :
Guise, archives du Familistère : correspondance de Marie Moret (inv. n° 1999-9-51 à 60 et 2005-0-122 à 129).