Banquet organisé dans la cour du pavillon central à l’occasion de la fête du Travail du Familistère, le 24 juin 1872
Photographe : | Macaire (Gustave) Photographe français, né à Paris en 1842, actif en France et en Belgique. |
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Lieu : | Guise |
Date : | 1872 |
Technique : | épreuve photographique sur papier au gélatino-chlorure d'argent (aristotype) |
Mesures : | H. 12,1 ; L. 16,9 cm |
Inscriptions : | manuscrit au verso au crayon : « Un banquet de la Fête du Travail | du vivant de J. B. A. Godin | 6 juin 1870 | (2e vol. des Documents biograph. p. 296) » ; au verso : cachet à l’encre noire du musée Godin de la Société du Familistère de Guise et cachet à l’encre bleue du musée municipal de Guise. |
Domaine : | photographie |
Acquisition : | fonds ancien du musée municipal de Guise, transféré en 2006. |
Inventaire n° : | 1976-1-145.2 |
Notice : | La fête du Travail, instaurée au Familistère en 1867, est l’occasion d’expérimenter la répartition des bénéfices dus au « talent », l’attribution de primes aux travailleurs méritants. Les premiers essais d’élection des lauréats par les travailleurs eux-mêmes, cependant, ne satisfont ni Godin ni le personnel. En mai 1870, à la demande des habitants du Palais social, le conseil du Familistère décide d’offrir des récompenses purement honorifiques et de consacrer les 2 000 francs de primes à l’organisation d’un banquet. Le banquet de la fête du Travail est, ainsi, une alternative populaire au savant processus de désignation des bénéficiaires imaginé par Godin. Il doit donner satisfaction au plus grand nombre sur un mode égalitaire. Le 6 juin 1870, le banquet réunit 541 personnes « dans la cour de l’aile gauche » du Palais social, précise Marie Moret (Moret, 1902-1906, p. 296). La photographie, prise dans la cour du pavillon central, n’a donc pas été réalisée en 1870, comme le suggère l’inscription au verso, mais à l’occasion de la fête du Travail suivante, en 1872. La fête du Travail de 1871 est annulée en raison de la situation militaire et politique de la France (défaite contre la Prusse, Commune de Paris). Pour la fête de 1872, l’organisation d’un banquet, ouvert à un nombre encore plus grand de convives, est à nouveau décidée. Il a lieu le lundi 24 juin et rassemble 796 personnes : 612 adultes et 184 écoliers. Parmi les adultes se trouvent notamment les habitants du Familistère travaillant à l’usine, cinquante ouvriers les plus anciens de l’usine extérieurs au Familistère et cinquante ouvriers extérieurs au Familistère désignés par le vote. Probablement en raison du nombre des participants, le banquet se tient cette année-là dans la cour du pavillon central, bien plus vaste que celle de l’aile gauche et entièrement décorée de guirlandes et des trophées industriels. La photographie, qui montre une moitié de la cour, est prise au moment de l’installation des convives. Hommes, femmes et enfants ont vêtu leurs habits de fête. Tout le monde n’a pas encore pris place autour des grandes tables. Nombreux sont encore les habitants se trouvant sur les coursives des étages. Certains descendent encore les escaliers lorsque le photographe, placé au deuxième étage, appelle tous les participants à se tourner vers lui. À peu près au centre de la cour, un homme, barbu, se tient debout sur une chaise : doit-on reconnaître Godin ? La jeune femme aux cheveux courts assise en face de lui n’est-elle pas Marie Moret ? Après le banquet de 1871, les conseils du Familistère avaient conclu : « la fête du travail a été profondément modifiée cette année dans son procédé, l’intérêt personnel pécuniaire a été éliminé pour laisser place d’un côté à l’émulation par l’honneur, de l’autre à la solidarité des travailleurs de tous genres exprimée par une agape fraternelle. Mais sur cet aspect, elle ne peut plus tenir comme étude pratique à la répartition des produits au travail et au talent. » En août 1872, les conseils font un constat plus tranché : « En résumé, la fête a eu toute la solennité voulue, quoiqu’on puisse dire cependant que l’idée philosophique et pratique de la répartition des fruits du travail est totalement éliminée de cette fête. » Le 4 mai 1873, au cours de la séance des conseils, préparatoire à la fête du Travail, Godin déclare : « que le dernier banquet qui a eu lieu a donné peu de satisfaction et que notamment les enfants n’y ont même pas été servis. Que la célébration de la fête par un banquet ne lui paraît pas le meilleur moyen d’honorer le travail, que c’est beaucoup s’éloigner de l’idée première qui a fait instituer la fête. » L’expérience des banquets de la fête du Travail de 1870 et de 1872 n’est pas renouvelée. Le carton de montage d’une autre épreuve de la photographie, conservée au Familistère de Guise (inv. 1976-1-145.3) est signé à la plume « Gustave Macaire phot. » Sources et bibliographie : |
Mots-clés : | pavillon central du Palais social ; cour ; banquet ; fête du Travail |
Notice créée le 10/07/2018. Dernière modification le 09/07/2019.