Dans la documentation commerciale conservée par le musée, le modèle n° 488 n’apparaît que sur une brochure éditée vers 1939 en version bilingue, français et néerlandais, à destination du marché belge. Le dépliant présente un échantillon des dernières créations de la succursale bruxelloise de la Société du Familistère, installée en 1858 à Laeken. Ce robuste appareil fonctionne au coke et à l’anthracite. Le chargement s'effectue par une trappe placée sur la devanture. Le dessus, à charnière, découvre un tampon pouvant servir pour la cuisson. Le réglage de la combustion s'effectue au moyen d'une poignée située sur le côté droit du foyer hygiénique et de la valve placée sur la porte du cendrier.

Le foyer hygiénique n° 488, par la sobriété des formes et du décor, est conforme aux principes esthétiques des années trente. Le goût de l’époque plébiscite les lignes simples, les formes épurées et minimalistes et se détourne des effets décoratifs. La séduction du modèle n° 488 tient principalement au contraste entre l'émail de couleur et la brillance du chrome. L’atelier des modèles de l’usine Godin suit les modes décoratives. La Société du Familistère commercialise ainsi selon la période des appareils de style néo-Renaissance, « style Louis XV » ou « Louis XVI », de style moderne (Art nouveau ou Art Déco), « genre anglais », « genre hollandais », streamline, style colonial, etc. Le décor de l’enveloppe des appareils constitue un enjeu important. La concurrence acharnée que se livrent les fabricants d’appareils domestiques en fonte de fer entraîne la création incessante de nouveaux modèles. L’esthétique des poêles s’inscrit dans cette logique. L’objectif est de satisfaire les goûts variés et changeants de la clientèle afin de toucher le plus grand nombre d’acheteurs. Les années d’après-guerre voient le développement de la consommation moderne. Les représentants de commerce de la Société du Familistère soulignent la tendance de la clientèle à changer rapidement leurs appareils pour des modèles plus neufs, plus efficaces voire tout simplement plus beaux.

Bien que différents styles cohabitent dans les catalogues, une évolution esthétique vers une plus grande sobriété dans le décor est perceptible dans les nouveaux modèles représentés dans la documentation commerciale des années trente. Le catalogue de 1937-1938 présente les modèles de vente courante et les dernières créations de l’usine de Guise. Parmi la série des appareils de chauffage, figure le foyer hygiénique n° 487, identique au n° 488 mais de plus petite dimension. Les modèles commercialisés dans cette brochure se caractérisent par leur style plus épuré.

Le foyer hygiénique n° 488 a été restauré en 2019 avec le concours du Département de l’Aisne et de l’État (ministère de la Culture et de la Communication).

Bibliographie :
L’Album du Familistère, Guise, les éditions de Familistère, 2017, 720 p.
Dos Santos (Jessica), L’Utopie en héritage. La Société du Familistère de Guise, de la mort de Jean-Baptiste André Godin à la dissolution de l’Association (1888-1968), Lille, Thèse de doctorat, Université Charles de Gaulle – Lille III, 2012, 827 p.
Leblanc (Claire), « De l’utile et du beau. L’esthétique du poêle en Belgique aux 19^e et 20^e siècles », Les Cahiers de La Fonderie, n° 35, Bruxelles, 2006, p. 50-57.