Vue de face du poêle-cheminée Colas n° 1

Poêle-cheminée Colas n° 1. Fonderies Colas, modèle vers 1848-1888. Image avant restauration. Collection Familistère de Guise (inv. n° 2015-3-1). Crédit photographique : Familistère de Guise, 2018.

Vue du poêle-cheminée Colas n° 1 sans souffleur

Poêle-cheminée Colas n° 1. Fonderies Colas, modèle vers 1848-1888. Image avant restauration. Collection Familistère de Guise (inv. n° 2015-3-1). Crédit photographique : Familistère de Guise, 2018.

Vue du revers du poêle-cheminée Colas n° 1

Poêle-cheminée Colas n° 1. Fonderies Colas, modèle vers 1848-1888. Image avant restauration. Collection Familistère de Guise (inv. n° 2015-3-1). Crédit photographique : Familistère de Guise, 2018.

Vue de la page de l'album de 1867 montrant la cheminée n° 7-8

Le modèle des cheminées n° 7-8 dans l'album de 1867 des Fonderies et manufactures Godin-Lemaire. Collection Familistère de Guise (inv. n° 2008-6-13). Crédit photographique : Familistère de Guise, 2008.

Poêle-cheminée Colas n° 1

Auteur du modèle :

Fonderies Colas

Raison sociale des fonderies de Montiers-sur-Saulx (Meuse), spécialisées dans la production de fonte ornementale, appartenant à la famille Colas de 1826 à 1888.

Lieu :

Montiers-sur-Saulx

Date : vers 1848-1888
Technique : fonte de fer
Mesures : H. 69 ; L. 41 ; P. 42 cm
Inscriptions :

rébus moulé en relief dans un écusson sur la devanture.

Domaine :

appareil de chauffage

Type : cheminée
Acquisition : achat en 2015 avec le concours du Département de l’Aisne
Inventaire n° : 2015-3-1
Notice :

Cette élégante petite cheminée en fonte de fer a la particularité d’être signée par un rébus, suivant une pratique en vogue au XIXe siècle. Le rébus est moulé en relief dans un écusson visible sur la façade de l’appareil, au-dessus du souffleur. Il comporte trois niveaux : un col et une carte à jouer ornée d’un as en haut sur le premier ; un « à », un mont et le suffixe « ier » au centre sur le deuxième ; un seau en bas sur le troisième niveau. L’identité du fabricant est ainsi révélée : « Colas à Montiers-sur-Saulx ». Le poêle-cheminée n° 1 provient de la fonderie Colas, anciennement implantée à Montiers-sur-Saulx dans la Meuse, et concurrente de la Société du Familistère au XIXe siècle.

L’activité métallurgique à Montiers est ancienne. La première mention d’un haut-fourneau date de 1516. Le site de la forge de Montiers est attesté à son emplacement actuel en 1649. Après la Révolution française, trois familles se succèdent à la tête de ce site industriel : les Vivaux, les Saint-Amand et les Colas. Louis-Alexandre Colas (1779-1848) acquiert en 1826 la forge de Montiers et ses dépendances où son père, Jean-Louis Colas (1751-1815), officiait en tant que régisseur depuis 1781. Il entreprend la conversion progressive de l’usine, qui produit essentiellement du fer marchand, en fonderie pour la fabrication de pièces moulées. À sa mort en 1848, ses deux fils, Louis-Alphonse (1810-1880) et Marcel-François Alexandre (1813-1895), deviennent propriétaires du domaine. Ils exploitent l’usine sous la raison sociale « Colas frères ». L’aîné de la famille compte parmi les disciples de Charles Fourier et participe au milieu des années 1850 à l’aventure de la colonie fouriériste de Réunion au Texas. D’abord actionnaire de la Société de colonisation européo-américaine, fondée en 1854 et dont Jean-Baptiste André Godin est un des gérants, il séjourne brièvement dans la colonie où il occupe les fonctions de géomètre.
Sur le site de Montiers, les frères Colas procèdent à d’importants travaux de reconstruction et de modernisation entre 1848-1849. À partir de 1850, l’usine s’est orientée massivement vers la fonderie de seconde fusion, fabricant essentiellement de la fonte d’art. Le XIXe siècle voit l’épanouissement de la fonte ornementale qui investit le décor des immeubles bourgeois, des fontaines, des ponts, des candélabres, des théâtres, des galeries ouvertes, participant ainsi à l’embellissement des centres urbains. Son apogée coïncide avec les progrès techniques de l’époque en matière de métallurgie du fer et avec la modernisation des villes dont les travaux du baron Haussmann à Paris constituent le point culminant. Si la décennie 1870 est synonyme de prospérité pour la famille Colas, les années 1880 marquent une période de déclin. La société, mise en liquidation en 1881, est acquise par Arsène Lucien Turquet, gendre de Marcel-François Alexandre Colas. L’entreprise adopte la raison sociale « Turquet-Colas ». La mauvaise gestion de ce dernier entraîne la faillite de l’entreprise en 1888. Le rachat de l’usine par Auguste Salin la même année marque la fin de l’ère des maîtres de forge Colas sur le site de Montiers. Auguste Salin procède au transfert du matériel et des modèles-étalons à sa fonderie d’Écurey, démolit en partie l’usine de Montiers et vend certains bâtiments.

Le poêle-cheminée n°1 figure sur un catalogue « Colas Frères » non daté et sur un album « Turquet-Colas » de 1884. Le modèle de cet appareil n’apparaît plus dans la documentation commerciale des Établissements Salins après le rachat des modèles Colas par ces derniers. Il semblerait que sa production cesse avec la faillite de la Société Turquet-Colas. La fabrication de cet appareil se situe donc entre 1848 et 1884. Le poêle-cheminée n° 1 se distingue par la richesse de son ornementation : deux cariatides sur chacun des côtés, un mascaron représentant une figure de diable au milieu d’une guirlande de pampres de vigne, des motifs fruitiers et d’écailles sur le souffleur et deux reptiles sur la partie inférieure. Cet appareil par son décor et sa taille est comparable aux cheminées n° 7 et 8, visibles dans l’album des fonderies Godin-Lemaire de 1867. La finesse des ornements témoigne de la qualité des fontes utilisées et du savoir-faire des fondeurs. La fonte de fer par sa malléabilité peut se parer d’une infinie variété de formes, rivalisant avec le bronze pour la création de motifs décoratifs.

Le poêle-cheminée Colas n° 1 a été restauré en 2019 avec le concours du Département de l’Aisne et de l’État (ministère de la Culture et de la Communication).

Bibliographie
Album des meubles de chauffage et de cuisine de Godin-Lemaire, Guise, Imprimerie et lithographie de D. Berthaut, 1867, p. [89].
Durepaire (Catherine), Monographie ethno-historique de la Fonderie d’Ecurey (Meuse), Impr. Des Pays de la Saulx et du Perthois, 1997, vol. I, 187 p.
Collin-Roset (Simone), Thiébaut (Pascal), Moutaux (Alain), « Aux origines de la fonderie d’Écurey : la fonderie Colas de Montiers-sur-Saulx (Meuse) », Lotharingia, 2006, t. XIII, pp. 91-100 .
Naegel (Paul), « Les usines à fer de Montiers-sur-Saulx en Meuse – 1188 -1888 », HAL-SHS.archives-ouvertes, 2009, 28 p.
Zitt (Jean-Paul), « Les débuts de la fonte ornementale en France, de l’Empire à la monarchie de Juillet », Les cahiers de l’École du Louvre, Cahiers 1, 2012, [en ligne], URL : https://journals.openedition.org/cel/652 (consulté le 11 avril 2020).
Desmars (Bernard), « Colas, (Louis-) Alphonse, parfois nommé Colas aîné », Dictionnaire biographique du fouriérisme, 2010, [en ligne], URL : http://www.charlesfourier.fr/spip.php?article788 (consulté le 11 avril 2020).

Mots-clés : appareil de chauffage ; cheminée ; diable ; fruits ; cariatide ; reptile ; écaille ; vigne

Notice créée le 27/04/2020. Dernière modification le 21/05/2020.