Vue de face du radiateur au gaz n° 111

Radiateur au gaz n° 111. Société du Familistère de Guise, modèle de 1903. Collection Familistère de Guise (inv. n° 2017-1-1). Crédit photographique : Clara Huynh, 2019.

Vue de la page de l'album de 1903 montrant le radiateur au gaz n° 111

Le radiateur n° 111 dans l'album de 1903 de la Société du Familistère de Guise. Collection Familistère de Guise (inv. n° 2005-41-1). Crédit photographique : Familistère de Guise, 2008.

Radiateur au gaz n° 111

Auteur du modèle :

Société du Familistère de Guise Colin et Cie

Raison sociale de la Société du Familistère de Guise sous la gérance de Louis-Victor Colin, de 1897 à 1933.

Lieu :

Guise

Date : 1903
Fabricant :

Société du Familistère de Guise Colin et Cie

Raison sociale de la Société du Familistère de Guise sous la gérance de Louis-Victor Colin, de 1897 à 1933.

Lieu :

Guise

Date : 1903-1928
Technique : fonte de fer émaillée ; fonte de fer nickelée ; tôle de fer lustrée
Mesures : H. 71 ; L. 51 ; P. 20,5 cm
Inscriptions :

moulé en relief sur le dessus : « ANCNE MON | GODIN » ; raison sociale moulée en relief sur le socle : « COLIN & CIE A GUISE ».

Domaine :

appareil de chauffage

Type : radiateur au gaz
Acquisition : achat en 2017 avec le concours du Département de l'Aisne
Inventaire n° : 2017-1-1
Notice :

La Société du Familistère manifeste un intérêt précoce pour le gaz de houille, appelé aussi gaz manufacturé, gaz de ville ou gaz d’éclairage, combustible devenu dans la seconde moitié du XIXe siècle synonyme de confort domestique. Dans la documentation commerciale conservée par le musée, la vente des appareils de chauffage et de cuisson fonctionnant au gaz est introduite par le supplément de l’album général de 1892, publié en juillet 1897. Le catalogue présente toute une série de petits appareils au gaz pour la cuisson, de type réchauds, et des chauffe-fers destinés au travail en atelier (chauffe-fers pour repasseuses, chapeliers, tailleurs, etc.). Seuls deux modèles de cheminées à réflecteurs en cuivre fonctionnant au gaz sont proposés pour le chauffage des appartements. Les radiateurs au gaz sont commercialisés à partir de 1903. Quatre modèles sont proposés à la vente, numérotés de 111 à 115. Le n° 113 n’apparaît que dans l’album de 1914. Le radiateur n° 111 constitue un des rares exemplaires conservés des premiers modèles de radiateur au gaz créés par les fonderies et manufactures de Guise.

La découverte des propriétés du gaz de houille résulte des travaux combinés du limbourgeois Jan Pieter Minckelers (1748-1824), le français Philippe Lebon (1767-1804), l’écossais William Murdoch (1754-1839) et l’allemand Frédéric Albert Winsor (1763-1830). Le premier, à la recherche du gaz le plus économique et le plus efficace pour faire voler les aérostats, découvre un gaz issu de la combustion de la houille, inflammable et plus léger que l’air. Contrairement à ses successeurs, il ne songe pas à exploiter sa découverte à des fins économiques. Philippe Lebon, ingénieur des Ponts et Chaussées de Paris, étudie les propriétés du gaz inflammable obtenu de la distillation du bois. Il construit un distillateur complet à l’aide duquel il obtient un gaz épuré, produisant une lumière vive. Percevant les applications industrielles et économiques de ce combustible, Philippe Lebon dépose un brevet pour des « Thermolampes ». Celui-ci lui est accordé le 28 septembre 1799. Dès 1800, il propose au gouvernement d’employer ses « thermolampes » pour l’éclairage et le chauffage des bâtiments publics. Éconduit, il poursuit ses travaux à l’hôtel de Seignelay à Paris. Philippe Lebon décède prématurément le 1er décembre 1804, sans parvenir à introduire en France l’éclairage au gaz. Ses travaux inspirent les ingénieurs et les industriels contemporains dont l’écossais William Murdoch. Celui-ci améliore le procédé et remplace le bois, matière première rare et chère en Angleterre, par la houille, qui abonde. En 1805, Murdoch entreprend l’éclairage de l’usine de James Watt et de Matthew Boulton à Soho, près de Birmingham. Toutefois, les émanations toxiques provenant de la combustion du gaz de houille freinent son emploi à grande échelle et notamment dans les habitations. Un ingénieur anglais, Samuel Clegg (1781-1861), parvient à développer des procédés d’épuration du gaz de houille. L’introduction et la popularisation du gas-light en France revient à l’industriel allemand, Frédéric Albert Winsor. Il fonde à Paris la première compagnie de gaz qui réalise, en 1817, l’éclairage du passage des Panoramas. Le gaz de houille trouve ainsi sa première application dans l’éclairage des centres urbains. Progressivement, il est employé dans les établissements publics, les ateliers, les magasins puis au sein des demeures bourgeoises. Les propriétaires de ces immeubles cossus, dont chaque logement dispose d’un accès au gaz de ville grâce à des conduites montantes, affichent fièrement sur leurs façades des plaques émaillées annonçant en lettres capitales, « Gaz à tous les étages ». Les industriels s’intéressent également aux propriétés calorifiques de ce combustible et tendent à l’introduire dans l’ensemble des usages domestiques (cuisson, production d’eau chaude et chauffage). Le public découvre ces innovations au cours des expositions universelles de Paris. Cependant, l’accès au plus grand nombre à ce nouveau confort domestique ne sera effectif qu’à partir de la seconde moitié du XXe siècle.

Les administrateurs-gérants de la Société du Familistère promeuvent une stratégie commerciale fondée sur l’innovation et la diversification des produits afin de conquérir une large clientèle. À la veille de la Première Guerre mondiale, les usines et fonderies de Guise fabriquent des appareils fonctionnant au bois, à la houille, au gaz, à l’électricité, au pétrole, à l’alcool, à l’eau chaude et à la vapeur. Néanmoins, le charbon demeure le combustible prédominant dans les catalogues de vente puisque bon marché et accessible aux classes populaires. La clientèle urbaine, plus aisée, se tourne vers le gaz et l’électricité, perçus comme des énergies plus hygiéniques. Le radiateur n° 111 séduit par sa forme élégante. La tête, l’embase et le socle sont émaillés en noir, les tubes en tôle lustrée sont munis dans leur partie inférieure d’appliques nickelées garnies de mica permettant de voir la flamme. Ils portent dans leur partie supérieure des ouvertures quadrilobées, pour la circulation de l’air chaud. La commercialisation de ce petit appareil cesse après 1928.

Le radiateur n° 111 a été restauré en 2019 avec le concours du Département de l’Aisne et de l’État (ministère de la Culture et de la Communication).

Bibliographie :
Gaudry (Joachim-Antoine-Joseph), Notice sur l'invention de l'éclairage par le gaz hydrogène carboné et sur Philippe Lebon d'Humbersin,... par M. Gaudry, ancien bâtonnier de l'ordre des avocats..., Paris, imprimerie de Hennuyer, 1856, [en ligne], Gallica, URL : ark:/12148/bpt6k5616097w (consulté le 3 avril 2020).
Figuier (Louis), L’art de l’éclairage, 2e édition, Paris, 1887, [en ligne], Gallica, URL : ark:/12148/bpt6k298467q (consulté le 3 avril 2020).
La Science illustrée : journal hebdomadaire / publié sous la direction de Louis Figuier, Exposition internationale (1900 ; Paris), Paris, 12 janvier 1887 (T.1, N.1.), [en ligne], Gallica, URL : ark:/12148/bpt6k5764862f (consulté le 3 avril 2020).
Album général des appareils de cuisine, chauffage et bâtiment de la Société du Familistère Colin & Cie. Mars 1903, Saint-Étienne, Imprimerie A. Waton, 1903, p. 288.
Gaz à tous les étages. La naissance du confort, Paris, Bibliothèque Fornay, 2011, 73 p.

Mots-clés : appareil de chauffage ; gaz

Notice créée le 28/04/2020. Dernière modification le 22/05/2020.