Soldats blessés dans la cour du pavillon central du Familistère de Guise
Photographe : | anonyme |
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Lieu : | Guise |
Date : | septembre 1914 |
Technique : | épreuve photographique sur papier au gélatino-bromure d'argent |
Mesures : | H. 12 x 18 cm |
Inscriptions : | manuscrit au crayon noir et à la plume sur le verso : « 5) 1 M Andrieux | 1 M Jean Hemery 1[ ?] 2,50 | 128e reg de ligne Evreux | 1 |
Domaine : | photographie |
Acquisition : | fonds ancien du musée municipal de Guise, transféré en 2006. |
Inventaire n° : | 1976-1-394.5 |
Notice : | Une saisissante série de photographies est réalisée dans la cour du pavillon central du Familistère au début de la Première Guerre mondiale, en septembre 1914. Des dizaines de grabats jonchent le sol ; des hommes y sont couchés, assistés par du personnel de la Croix-Rouge. Louis-Victor Colin, l’administrateur-gérant de la Société du Familistère, est le témoin du commencement de la guerre au Familistère : « Le 4 août 1914, la déclaration de guerre et la mobilisation générale arrêtent la vie industrielle et commerciale. Environ 200 hommes du Familistère sont mobilisés. La fermeture de l’usine de Guise et celle de l’usine de Schaerbeek sont décidées. Tout le personnel est congédié. Vers la fin août commence l’exode des habitants qui fuient devant l’ennemi ; par contre, une partie des mobilisés revient, renvoyée dans ses foyers ; le 28 août, il ne restait plus que quelques habitants, une trentaine environ, dans les familistères. Le 29 août, a lieu la bataille de Guise et l’arrivée des Allemands qui occupent la ville malheureusement pour plus de quatre ans. La première bataille de Guise qui dura deux jours nous coûta le familistère de l’aile gauche brûlé entièrement par les Allemands sous prétexte que des civils avaient tiré des greniers sur eux [...] Les habitants du Familistère qui n’avaient pu continuer leur exode vers la France rentraient quelques jours après pour voir le lamentable tableau de l’aile gauche d’un familistère brûlant et de la grande cour centrale garnie de blessés français menacée par l’incendie. » (Rapport du 3 février 1920) La violente bataille de Guise des 29 et 30 août 1914 est engagée par l’armée française pour ralentir l’avancée des Allemands vers Paris. La Ve armée commandée par le général Lanrezac, défaite à Charleroi une semaine plus tôt, résiste quelques heures avant de se replier au sud. Les combats font des milliers de de morts et de blessés. Les troupes de la IIe armée allemande du général Von Bülow occupent la ville de Guise et le Familistère, en partie ruiné, déserté par ses habitants. Le pavillon central sert d’hôpital militaire pour les soldats (français selon Louis-Victor Colin) blessés au cours de la bataille. On a sorti la literie des appartements inoccupés et on a disposé les matelas dans la cour à même le sol, en prenant soin de les placer sur les bouches de ventilation pour limiter les courants d’air. Des chaises renversées permettent de soulever la tête des matelas. On voit ici et là des parapluies qui peuvent offrir une protection contre l’ardeur des rayons du soleil à travers la verrière de la cour. Les blessés sont assistés par des femmes et quelques hommes, portant au bras ou sur la poitrine l’insigne de la Croix-Rouge. La robe ou la blouse blanche des femmes ou des hommes signalent leur qualification d’infirmière et d’infirmier. La plaque fixée à gauche de la porte ouverte au rez-de-chaussée porte l’inscription « Magasins d’habillement ». Il s’agit de l’ancienne mercerie du Familistère. Les noms inscrits au revers de l’épreuve sont probablement ceux des clients du photographe qui figurent sur la photographie ou sur l’une des photographies de la série. Parmi les régiments d’infanterie cités, les 1er, 57e, 128e et 329e régiments d’infanterie ont effectivement participé à la bataille de Guise des 29 et 30 août 1914 ; par contre les 47e et 128e régiments d’infanterie ont été engagés ailleurs. L’un des soldats, Gustave Lang, né le 14 février 1894 en Algérie, est « tué à l’ennemi » le 30 décembre 1914 près de Guise, à Audigny, dans l’Aisne. Les inscriptions manuscrites confirment que les blessés représentés sont des soldats français. L'épreuve d'une vue d'ensemble des blessés dans la cour (inv. n° 2010-1-10) est signée Raphaël Bouquet. Il est possible que ce photographe local soit l'auteur de l'ensemble des photographies de la série. Sources et bibliographie : |
Mots-clés : | femme ; pavillon central du Palais social ; cour ; homme ; blessé ; Première Guerre mondiale |
Œuvres en rapport : |
Notice créée le 03/10/2018. Dernière modification le 08/11/2018.