Trophée de tir à l'oiseau
Sculpteur : | Bourlet (Henri Lucien) Henri Bourlet (1909-1980) est modeleur sur bois à l'usine Godin de 1937 à 1969. Il devient sociétaire de la Société du Familistère de Guise. Il est membre de la Compagnie des archers jusqu'en 1968. Au sein de la Compagnie des archers il s'occupe activement de la réparation des flèches des membres et fabrique quelques cibles zoomorphes. |
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Lieu : | Guise |
Date : | 1950-1999 |
Technique : | tissu ; bois |
Mesures : | H. 169 ; L. 10 ; P. 29 |
Domaine : | objet mobilier |
Acquisition : | fonds ancien du musée municipal de Guise transféré en 2006. |
Inventaire n° : | 1999-6-3 |
Notice : | Les loisirs, qui sont pour Jean-Baptiste André Godin (1817-1888) de véritables équivalents de la richesse, sont nombreux au Familistère. Pour développer une culture de solidarité au sein de la population des travailleurs et des habitants du Familistère, Jean-Baptiste André Godin et ses successeurs encouragent la création de diverses sociétés d’agrément : musique en 1860, théâtre en 1869, etc. La société de tir à l’arc est créée en 1869. Exclusivement masculine, la compagnie des archers était administrée par ses membres qui travaillent tous sans exception à l’usine de la Société du Familistère. L’occasion était donnée aux sociétés sportives et culturelles du Familistère de démontrer leurs talents lors des moments culminants de l’année, et notamment lors des deux fêtes officielles du Familistère : la Fête de l’enfance, le premier dimanche de septembre, instaurée en 1863, et la Fête du travail, le premier dimanche de mai, instaurée en 1867. Ces deux célébrations ont en commun de rassembler les habitants du Familistère pour une cérémonie de récompenses : remise de prix aux meilleurs élèves, récompense des travailleurs les plus méritants... La compagnie des archers y effectuait des démonstrations et des concours de tir à l'arc pendant que l'Harmonie du Familistère donnait des concerts, comme en témoignent les multiples programmes de ces deux fêtes. Le tir à l’arc étant une pratique traditionnelle très vivace en Picardie, la société des archers est l’une des plus anciennes et actives sociétés d’agrément du Familistère. En 1880, elle compte déjà 28 membres actifs et 29 membres honoraires et en 1892, 31 membres actifs et 44 membres honoraires. Les statuts, règlements et procès-verbaux des réunions de la compagnie ne sont malheureusement pas connus mais dès 1901, les sociétés de loisirs du Familistère observent les conditions relatives à la loi du 1er juillet 1901 sur les associations libres de personnes. S’il l’on en juge d’après les photographies connues de la Compagnie, c’est au cours de l’entre-deux guerres que la Compagnie d’archers du Familistère compte le plus grand nombre de membres. Deux ou trois jeux d’arc étaient aménagés avant 1881 sur la rive droite de l’Oise, en face du Palais social, en aval de la buanderie-piscine, en contrebas du jardin d’agrément. S’ils furent détruit une première fois lors de la Grande Guerre, ils furent reconstruits en 1918 et utilisés jusqu'à la fin des années 1960 avant d'être détruits définitivement. Les archers de la Compagnie s’entrainaient régulièrement sur la période allant d’avril à septembre et organisait mensuellement un concours entre ses membres. Outre ses concours internes, la Compagnie participait à de nombreux concours de tir à l’arc organisés par les Compagnies voisines, à des championnats avec le département du Nord, ainsi qu’à divers bouquets provinciaux Les photographies et objets de nos collections attestent de la pratique du tir beursault et de l’organisation du tir à l’oiseau (ou « abat-oiseau ») annuel, réservé aux membres de la Compagnie d'Archers du Familistère de Guise. Comme aujourd’hui, le tir à l’oiseau n’avait lieu qu’une fois l’an afin de désigner le Roi. Le but était de tirer dans une cible zoomorphe, une cible à usage éphémère puisque l’archer touchant le centre faisait éclater le bois. Un trophée zoomorphe comme celui présenté ici était alors remis à l’homme proclamé « Roi » qui gardait le trophée l’année de son règne avant de le transmettre à son successeur l’année suivante. Un cortège se formait ensuite derrière le Roi qui menait toute la Compagnie d'Archers du Familistère de Guise jusqu'à un café de la Ville de Guise où un pot de l'amitié était offert par le Roi à l'ensemble des membres. Ce trophée prend la forme d'un oiseau monté sur une hampe peinte de bandes alternées rouge et bleu. Le cou de l'oiseau est entouré d'un ruban rouge. Il a été réalisé par Henri Lucien Bourlet à l’atelier de menuiserie de l’usine dans la deuxième moitié du XXe siècle. Son beau-fils, Patrick Nicolas, en a fait don à la Ville de Guise dans les années 1980, en même temps qu’une riche collection d’archives et d’objets concernant la Compagnie d’archers du Familistère. Bibliographie : Paquot (Thierry) et Bédarida (Marc) (dir.), Habiter l'utopie : le Familistère Godin à Guise, Paris, Éd. de la Villette, 2004. Panni (Frédéric K.) et Fontaine (Hugues), L'album du Familistère, Guise, les Éditions du Familistère, 2017. Archives du Familistère de Guise, Fonds Patrick Nicolas, registre 101. Bernardot (François), Le Familistère de Guise, Association du Capital et du Travail et son fondateur, Jean-Baptiste André Godin. Étude faite au nom de la Société du Familistère de Guise Dequenne & Cie, deuxième édition, Guise, Imprimerie de E. Barré, 1893. |
Mots-clés : | arc ; flèche ; jeu d'arc ; cible ; oiseau |
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Notice créée le 13/04/2022.