31/05/2014 – 21/09/2014
Paysages intérieurs / Gaël Clariana
Présentation
Pendant près d‘un an, en 2012 et 2013, le photographe Gaël Clariana a parcouru le Palais social du Familistère de Guise. Il a réalisé des photographies d‘appartements vacants, délaissés ou presque. La plupart des images laissent indécis leur spectateur. Les scènes saisies par le photographe sont-elles habitées, en déménagement, abandonnées ?
Gaël Clariana a photographié les situations dans leur état naturel, sans intervenir, les construisant seulement du regard. Il a approché ces petits tableaux domestiques de l‘après dans la lumière diffuse des ciels nuageux, en cherchant patiemment la juste distance avec le sujet, suffisamment proche pour le laisser dans le mystère du hors-champ de la pièce de l‘appartement, suffisamment lointaine pour le fixer objectivement. Il a photographié ces mondes fragiles et transitoires comme des monuments de l‘histoire contemporaine du Familistère, s‘effaçant derrière la chambre photographique argentique pour manifester, dans le moindre détail, la qualité plastique de leur arrangement intentionnel ou fortuit et leur accorder une durée.
Trente-deux scènes d‘intérieur ou « paysages intérieurs » comme Gaël Clariana aime à les désigner sont exposés dans les salles d‘expositions temporaires du pavillon central.
Paysages intérieurs, par Gaël Clariana, 27 juin 2014.
Mon travail photographique s’exprime en séries qui font œuvre. Ces séries photographiques oscillent entre l’avant / l’extérieur et vers l’arrière / l’intérieur, comme un miroir de soi, une vision intérieure, une sorte de jardin personnel. C’est ainsi que je pratique. J‘ai trouvé dans ce médium un moyen de m’exprimer, mais pas seulement, car je pose des questions, me pose des questions sur le monde qui m’entoure. Je photographie toujours, encore et encore, sans cesse, de manière compulsive, par besoin, par amour, par passion assurément, car j‘aime, j‘aime ce que je photographie. Ces photographies sont des actes de foi. Touché par le désir, la sensualité de l‘acte, proche de mon sujet, je ne me lasse jamais. Sans cesse je songe à l’enfance par la photographie… J‘interroge les espaces intérieurs du Familistère – appartements vacants – que je définis comme des petites scènes du quotidien, d’un quotidien qui a été ?
Ces mêmes pièces qui pour moi, photographe, évoquent la camera obscura. Image en mouvement / image fixe. Comme un avant / un après. Le Familistère de Guise devient le territoire photographique du sujet. Dans chacune de mes séries photographiques la question du territoire est posée. Ici naissent des histoires comme naît une photographie, (une lutte, un échange, une souffrance) un jeu de va-et-vient permanent. Pendant une année en 2012 – 2013 j‘ai arpenté ces appartements vacants, comme un admirateur les contemplant dans le silence à la recherche d’indices, de traces laissées par les habitants. Chaque photographie est une histoire, comme un écho du passé que j‘essaye de retrouver. Ici un poster de footballeur de grande taille qui jouxte la fenêtre, ou encore une carte postale punaisée sur le mur de la cuisine. Peut-être oubliée ? Ou bien encore un poster mural d’un paysage de forêt ou celui d’une moisson passée.
Toutes ces images nous rappellent sans cesse la présence passée des habitants de ce palais social. D’appartement en appartement des paysages commencent à apparaître dans le cadre de mon appareil à photographie, il y a quelque chose du vide qui s’impose.
D’avoir l’œil à portée de main.
Un film, Paysages intérieurs. Gaël Clariana photographe, réalisé en 2014 par Christian et Gilles Boustani, et produit par AnimaViva productions et le Familistère de Guise, retrace la résidence de Gaël Clariana au Familistère.
La commande des photographies, l’exposition et le film ont été conçus et organisés par le Familistère de Guise en collaboration avec Gaël Clariana, avec le soutien du Département de l’Aisne, de la Région Picardie et de l’État (ministère de la Culture et de la communication).
Notice créée le 01/02/2018.