Carte de l'Association fraternelle et égalitaire des ouvriers cordonniers « À la ruche démocratique »
Éditeur : | Association fraternelle et égalitaire des ouvriers cordonniers Association ouvrière active à Paris en 1848. |
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Lieu : | Paris |
Date : | 1848 |
Imprimeur : | Association fraternelle des ouvriers lithographes Pettré et Cie Association ouvrière active à Paris en 1848. L'imprimerie de Armand Pettré, lithographe de formation, est active à Paris de 1845 à 1866. |
Lieu : | Paris |
Date : | 1848 |
Technique : | imprimé ; carton |
Mesures : | H. 6 ; L. 9 cm environ |
Inscriptions : | imprimé sur le recto : « Rue Thévenot, 1 et rue St Denis, 295. | À la Ruche démocratique | Association fratle et égalitaire | des | ouvriers cordonniers | légalement constituée | Chaussures en tous genres. | Hommes femmes et enfants. | Prix modérés | Assn frat. des ouv. lith. Pettré et Cie rue St Denis 268. » |
Domaine : | imprimé |
Acquisition : | dépôt du conseil départemental de l’Aisne en 2002. |
Inventaire n° : | D-2002-1-36 |
Notice : | Il existe près de 21 000 ouvriers et ouvrières de cordonnerie à Paris en 1848. 15 000 travaillent en chambre et 6 000 en atelier. La moitié d’entre eux fabriquent sur mesure tandis que l’autre moitié sont employés dans la confection de chaussures et bottes prêtes à porter. « La plupart des ouvriers cordonniers, relève la Statistique de l'industrie à Paris résultant de l'enquête faite par la Chambre de commerce pour les années 1847-1848, se plaignent du bas prix des façons et vivent difficilement » (Statistique…, p. 230). Les cordonniers, et notamment ceux du prêt à porter, doivent accepter des prix de plus en plus bas. Ils comptent parmi les ouvriers les plus pauvres de la capitale. Ils ont fait grève en 1833 et 1840 et ont tenté, sous la monarchie de Juillet, de s’organiser en syndicat et en société de secours mutuels. Après la révolution de février 1848, encouragés par le gouvernement, les ouvriers parisiens créent, parfois avec leurs patrons, 300 à 400 associations, presque toutes éphémères. Une partie d’entre elles sont des sociétés coopératives de production, formées par des ouvriers désirant s’affranchir de leur condition de salariés. Plusieurs associations sont fondées par les cordonniers en 1848. Selon la Statistique de l'industrie à Paris…, « Après la révolution de février, quelques associations de cordonniers se sont produites. 11 se sont fait annoncer dans les journaux, mais seulement 6 d’abord et 5 ensuite ont fonctionné. 4 se sont réunies et 1 est restée isolée, de sorte qu’elles ont formé, en définitive, 2 entreprises seulement. » (p. 230) L’Association fraternelle et égalitaire des ouvriers cordonniers doit faire partie de ces quelques sociétés qui fonctionnent en 1848 avant de fusionner dans la Société laborieuse et fraternelle des ouvriers cordonniers-bottiers ou la Société générale de la corporation des ouvriers cordonniers-bottiers. Dans son enquête de 1849 sur les associations ouvrières, le docteur Louis-René Villermé livre le commentaire suivant sur les associations dites fraternelles : « Enfin, ces sociétés, dans lesquelles on ne s’adresse la parole qu’en s’appelant citoyen, semblent organisées, pour la plupart, autant en armée politique qu’en armée industrielle de véritables et bons travailleurs. Elles s’intitulent Associations fraternelles, dénomination qu’elles écrivent ordinairement, et en grosses lettres, à la porte des maisons qu’elles occupent, en y ajoutant le nom de la profession qu’elles exploitent. C’est à la fois un drapeau indiquant le parti auquel appartiennent un grand nombre de leurs membres, et une enseigne qui leur procure immédiatement, comme je viens de le dire, la pratique des autres associations ouvrières. » (Villermé, 1849, p. 79) Selon Villermé, une quarantaine d’associations se disent « fraternelles » au début de 1849 (p. 81), et affichent ainsi leur caractère socialiste. L’Almanach des associations ouvrières pour 1850 en recense plus d’une centaine à Paris (Almanach…, [1849], p. 115-157). Une ruche, une équerre, une chaussure et une botte complètent « l’enseigne et le drapeau » de l’Association fraternelle et égalitaire des ouvriers cordonniers, dont la carte indique que ses magasins de vente sont placés sous l’épigraphe explicitement politique « À la ruche démocratique ». La ruche symbolise, dans la tradition, l’organisation sociale harmonieuse et prospère. Autour de 1848, les organisations ouvrières utilisent l’image de la ruche pour représenter plus précisément l’association industrielle. Son inscription dans une équerre signifie que le régime de l’association est égalitaire : elle est une société coopérative de travailleurs, rémunérés de façon identique et disposant, chacun, d’une voix en tant qu’associé. On remarquera que la carte est imprimée par une autre association fraternelle, celle des ouvriers lithographes Pettré et Cie, expression de la solidarité de ces sociétés, ainsi que l’observait le docteur Villermé en 1849. Bibliographie : |
Mots-clés : | ruche ; abeille ; chaussure ; botte ; équerre |
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Notice créée le 14/05/2018. Dernière modification le 19/06/2018.