Au XIX^e siècle, l’usage de crachoirs dans les lieux publics ou privés était associé aux fumeurs de pipe et aux consommateurs de tabac à chiquer ou à mâcher. Les crachoirs sont aussi considérés comme une mesure de santé publique pour contenir la propagation de maladies infectieuses comme la tuberculose. Le crachoir est alors un récipient familier. Il donne lieu à des plaisanteries : « Un crachoir est un meuble autour duquel on crache » indique le journal satirique La Lanterne de Boquillon dans son numéro du 16 mars 1884. Le XIX^e siècle forge l’expression « tenir le crachoir » pour décrire celui qui pérore et produit de la salive abondamment.

La manufacture du Familistère fabrique 3 modèles de crachoirs en 1865, 20 modèles en 1887 et même 31 modèles en 1914. Elle donne à ces articles d’une utilité peu ragoutante un aspect agréable à l’œil, coupelles avec ou sans pieds, aux décors variés, en forme de tortue ou de sabots. Après 1918, la Société du Familistère ne fabrique plus que quatre modèles de crachoirs.

Le modèle du crachoir n° 29 est créé sous la gérance de François Dequenne (1888-1898). Il apparaît sur l’album de 1898 de la Société du Familistère. Il a la forme d’une paire de sabots, motif également utilisé par la manufacture en 1898 pour un modèle de porte-allumettes, et il est doté d’une cuvette mobile percé d’un trou. Sur l'exemplaire conservé au Familistère, les sabots sont émaillés en rose et leur dessous est couvert d’un revêtement argenté. La cuvette mobile, émaillée en blanc, a été personnalisée par l’ajout en émail noir de deux prénoms, Juliette et Georges. Il est possible que ce crachoir ait été spécialement fabriqué pour être offert à un couple.

Sources et bibliographie :
Album général de la Société du Familistère de Guise Dequenne & C^ie. Novembre 1898, Saint-Étienne, Imprimerie, lithographie et papeterie A. Waton, 1898, p. 571.