Le diplôme présente une bordure ornée de vignettes.

Diplôme de la fête du Travail remis le 2 juin 1867 à Marie Moret. Fonderies et manufactures Godin-Lemaire, 1867. Coll. Familistère de Guise (inv. n° 1999-3-41). Crédit phot. : Familistère de Guise, 2015.

La vignette en haut à gauche du cadre du diplôme montre une ville islamique

Diplôme de la fête du Travail remis le 2 juin 1867 à Marie Moret (détail). Fonderies et manufactures Godin-Lemaire, 1867. Coll. Familistère de Guise (inv. n° 1999-3-41). Crédit phot. : Familistère de Guise, 2015.

La vignette en haut à droite du cadre du diplôme montre une ville orientale

Diplôme de la fête du Travail remis le 2 juin 1867 à Marie Moret (détail). Fonderies et manufactures Godin-Lemaire, 1867. Coll. Familistère de Guise (inv. n° 1999-3-41). Crédit phot. : Familistère de Guise, 2015.

La vignette en bas à gauche du cadre du diplôme symbolise l'agriculture

Diplôme de la fête du Travail remis le 2 juin 1867 à Marie Moret (détail). Fonderies et manufactures Godin-Lemaire, 1867. Coll. Familistère de Guise (inv. n° 1999-3-41). Crédit phot. : Familistère de Guise, 2015.

La vignette en bas au centre du cadre du diplôme montre un train

Diplôme de la fête du Travail remis le 2 juin 1867 à Marie Moret (détail). Fonderies et manufactures Godin-Lemaire, 1867. Coll. Familistère de Guise (inv. n° 1999-3-41). Crédit phot. : Familistère de Guise, 2015.

La vignette en bas à droite du cadre du diplôme symbolise l'industrie

Diplôme de la fête du Travail remis le 2 juin 1867 à Marie Moret (détail). Fonderies et manufactures Godin-Lemaire, 1867. Coll. Familistère de Guise (inv. n° 1999-3-41). Crédit phot. : Familistère de Guise, 2015.

Diplôme de la fête du Travail remis le 2 juin 1867 à Marie Moret

Auteur du modèle :

Godin (Jean-Baptiste André)

Jean-Baptiste André Godin (1817-1888), industriel, fondateur du Familistère de Guise.

Lieu :

Guise

Date : 1867
Éditeur :

Fonderies et manufactures Godin-Lemaire

Raison sociale de la manufacture d'appareils de chauffage active à Esquéhéries et à Guise, de 1840 à 1880.

Lieu :

Guise

Date : 1867
Imprimeur :

Imprimerie Berthaut

Imprimeur lithographe actif à Guise (Aisne) au XIXe siècle.

Lieu :

Guise

Date : 1867
Technique : lithographie ; imprimé ; papier ; manuscrit
Mesures : H. 24 ; L. 31 cm
Inscriptions :

daté et signé à la plume : « Guise, le 2 juin 1867 Godin » ; un cachet à l’encre « Godin-Lemaire | Familistère Guise (Aisne) Familistère » figure deux fois sur l’avers du diplôme.

Domaine :

imprimé

Acquisition : fonds ancien du musée municipal de Guise, transféré en 2006.
Inventaire n° : 1999-3-41
Notice :

Godin institue en 1867 la fête du Travail. Elle a lieu chaque année au printemps pour célébrer le renouveau social accompli par le Familistère. C’est la célébration d’un culte laïque du travail, expression du génie humain, créateur de richesse et fondement d’un pacte social inédit. Le moment culminant de la fête est grande cérémonie qui réunit la population du Familistère dans la cour du pavillon central du Palais social, au cours de laquelle sont distribuées des récompenses aux travailleurs. La liturgie et le décorum de cette célébration, sous la verrière de la cour du pavillon central ornée de trophées industriels, ne sont pas sans rappeler les cérémonies des expositions universelles. Mais dans la splendeur de la fête se joue une partie de la réforme sociale. Godin profite de l’enthousiasme collectif que l’événement suscite pour approfondir l’expérimentation de la coopération entre le capital et le travail. La distribution des récompenses est un essai de partage des bénéfices industriels par le moyen d‘une rémunération du talent, d’inspiration fouriériste.

Le sociologue Michel Lallement a, en 2009, donné une description circonstanciée de l’essai de 1867. En septembre 1866, Godin annonce qu’il met 2 000 francs à la disposition du conseil des hommes et du conseil des femmes du Familistère, pour récompenser, lors de la fête du Travail, les ouvriers « qui se seront signalés à l’usine par la découverte de quelque pratique ingénieuse diminuant la fatigue, activant la production ou la perfectionnant », et les femmes « dévouées à l’éducation de l’enfance, et qui auront su trouver, elles aussi, quelques améliorations en la matière ». Les conseils sont chargés d’élaborer les modalités du vote, qui doit désigner les hommes et les femmes de talent. Ils conviennent de séparer l’élection des ouvriers et celle des employés de l’usine et du Familistère. Les premiers seront distingués par les suffrages de 95 délégués des ouvriers, eux-mêmes élus par les travailleurs habitant au Familistère parmi les 750 ouvriers de l’usine. Les seconds recevront les suffrages des 95 employés habitants au Familistère. À chaque catégorie sera attribuée 1 000 francs, à partager entre les élus au prorata du nombre de voix obtenues. Chaque bulletin de vote doit comporter dix noms.

« Le 2 juin 1867, jour de la fête, le scrutin décisif est ouvert à dix heures. 92 ouvriers votent, 85 employés font de même, accompagnés par 13 membres de la catégorie non résidants au Familistère. Quels sont les résultats ? Dans aucune des deux catégories, un nom ne dépasse la barre de la majorité absolue. Le plus plébiscité est un homme employé qui, avec 41 voix, arrive à 35 %. Côté ouvrier, personne ne franchit même le seuil des vingt voix. Le vote aboutit à la désignation de 115 personnes, 101 hommes et 14 femmes, qui tous bénéficient d’au moins une désignation. Le vote des employés est encore plus dispersé puisque les noms de 106 personnes (63 hommes, 43 femmes) sortent des urnes, pour un effectif total dont l’estimation varie entre 110 et 115 ! Cinq personnes en revanche (dont deux femmes) passent le seuil des vingt voix. Finalement, sur les 223 désignés dans les deux catégories réunies, six seulement reçoivent des mentions honorables. » (Michel Lallement, 2009, p. 230).

Les travailleurs élus par leurs pairs reçoivent de la main de Godin un diplôme indiquant le nombre de suffrages obtenus, le montant de la prime et, pour ceux ayant obtenu plus de vingt voix, l’attribution d’une mention honorable. Cette dernière donne droit à une place d’honneur dans les cérémonies du Familistère. Le diplôme remis à Marie Moret, collaboratrice de Godin chargée des services de l’enfance, stipule qu’elle a obtenu 27 voix, et par conséquent une mention honorable, et qu'elle doit recevoir 28,35 francs.

Le texte et le programme iconographique du diplôme créé en 1867 ont été établis par Godin, avec un évident désir de pédagogie à l’égard de l’expérience et avec la volonté de propager les valeurs de la nouvelle société. En haut, dans la bordure, un cartel expose la signification de la distribution des récompenses de la fête : « Étude pratique des voies et moyens pour obtenir l’équité dans la répartition des fruits du travail ». La devise « Émulation, Progrès, Liberté » énonce les principes de l’expérimentation familistérienne. Dans la société harmonieuse fouriériste, l’émulation remplace la concurrence sauvage du capitalisme industriel. Cette bienfaisante rivalité entre les individus est une condition du progrès qui conduit à l’affranchissement des travailleurs. L’épigraphe « Au travail du Familistère et de sa manufacture » précise que la fête du Travail honore les employés des services du Palais social comme les ouvriers et employés de l’usine et suggère que l’industrie domestique et l’industrie productive sont solidaires. Enfin, le texte du diplôme rappelle les objectifs de l’élection des travailleurs méritants : récompenser la capacité de direction pratique, le talent et l’invention, le dévouement professionnel, et la bonne exécution du travail. »

La bordure du diplôme est ornée de rinceaux de vigne symbolisant la création de richesse par le travail. Chacun des angles est occupé par un cartouche illustré : une ville hérissée de minarets coiffés du croissant islamique, une autre distinguée par une pagode et un petit pont, un paysage rural avec des ruches et une charrue au premier plan, et, enfin, un site industriel équipé d’une grande cheminée d’usine et d’une grue. Le cartouche en bas au centre est consacré au chemin de fer. Ce train à vapeur est, sans doute, animé d’un esprit saint-simonien : il rapproche l’Occident de l’Orient et de l’Extrême-Orient, la ville de la campagne, l’industrie de l’agriculture. Il est l’emblème du progrès grâce auquel le travail s’émancipera au sein de l’association du capital et du travail.

Bibliographie
La notice réutilise le texte paru dans Panni (Frédéric K.) et Fontaine (Hugues) dir., Des machines au service du peuple. Godin et la mécanique, Guise, Les Éditions du Familistère, 2017, p. 92-93.
Moret (Marie), Documents pour une biographie complète de Jean-Baptiste André Godin, vol. 2, Guise, Familistère de Guise, 1902-1906, p. 224-238-567.
Lallement (Michel), Le travail de l’utopie. Godin et le Familistère de Guise. Biographie, Paris, Les Belles lettres, 2009, p. 228-230.

Mots-clés : ruche ; Moret (Marie) ; cheminée ; ville ; agriculture ; industrie ; port ; Orient ; train ; charrue ; caducée ; commerce ; pagode ; minaret
Œuvres en rapport :

Diplôme de la fête du Travail remis le 1er juin 1873 à Eugène Blondelle, mouleur

Diplôme de la fête du Travail remis le 1er juin 1873 à Aimé Quent, ajusteur

Notice créée le 19/05/2018. Dernière modification le 19/06/2018.