Médaille commémorative de l’Exposition universelle de 1862 à Londres
Sculpteur : | Canu (T.) Sculpteur actif en France dans la seconde moitié du XIXe siècle. |
---|---|
Lieu : | France |
Date : | 1862 |
Fabricant : | Latry aîné et Cie Fabricant de bois durci à Paris dans la seconde moitié du XIXe siècle. |
Lieu : | Paris |
Date : | 1862 |
Technique : | bois durci |
Mesures : | D. 15 ; ép. 0,9 cm |
Inscriptions : | moulé en relief sur l’avers : « EXHIBITIONS OF THE WORKS OF ALL NATIONS », « HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE », « LONDON | 1862 » et « T. CANU SC.”; moulé en relief sur le revers : « MEDAILLE | COMMEMORATIVE DE L’EXPOSITION | UNIVERSELLE DE LONDRES. 1862 | ANNO XXV | VICTORIAE REGINAE | BOIS DURCI ». |
Domaine : | médaille |
Acquisition : | fonds ancien du musée municipal de Guise, transféré en 2006. |
Inventaire n° : | 1999-4-22 |
Notice : | « Je devais réaliser des améliorations dans mon industrie pour garder ma prépondérance industrielle. Je commençais en 1862 pour l’Exposition universelle de Londres à appliquer sur la fonte de fer des procédés d’émaillage qui me permettaient de revêtir mes appareils d’une couche d’émail qui en faisait des objets de luxe de la plus grande propreté. C’était un nouveau point de départ pour la nouvelle phase dans laquelle le moment était venu de faire entrer mon industrie, sous peine de la voir s’amoindrir entre mes mains, puisque la concurrence était dans la possibilité de la disputer. » (Lettre de Godin à V. Grouselle, 10 novembre 1869) La manufacture du Familistère présente sa production à l’Exposition universelle qui se tient à Londres du 1er mai au 1er novembre 1862. C’est la première fois qu’elle participe à une manifestation d’une telle importance. Elle ne semble pas avoir exposé aux expositions universelles de 1851 à Londres et de 1855 à Paris. Comme l’explique Jean-Baptiste André Godin, l’Exposition universelle de Londres de 1862 est l’occasion d’un nouveau développement de son industrie. Le fondateur du Familistère se rend lui-même à Londres en juillet 1862 pour étudier à l’Exposition universelle la production des appareils de chauffage et de cuisson des concurrents de la manufacture du Familistère. Peu après ce voyage, Godin fait un intéressant rapport de sa visite à Charles-Désiré Mariolle-Pinguet, ingénieur-constructeur à Saint-Quentin, membre de la commission départementale de l’Aisne pour l’Exposition universelle de 1862. « Un fait bien remarquable et qui intéresse l’industrie du département de l’Aisne est l’importance que l’Angleterre, contrairement à la France, a donné à l’exposition de ses appareils de chauffage et de cuisine. Ils occupent dans la section anglaise juste autant de surface qu’il en a été accordé pour toute la section française une surface égale à celle qu'occupe l'ensemble de la section française Les appareils de chauffage et de cuisine français n'ont donc pu y briller ni par le nombre ni par la place qui leur a été accordée, mais le peu d'espace accordée à cette branche de l'industrie, le département de l'Aisne à peu près seul a été admis à l’occuper car sur 17 objets de ce genre que renfermait la classe des constructions civiles, 16 sont exposés par la manufacture de Guise, un seul, mais en tôle, est exposé par le département du Nord. Les appareils de chauffage et de cuisine dans la section anglaise se font remarquer par un luxe de poli de toute leur surface métallique qui les élève à des prix qui ne sont abordable qu’aux grandes fortunes. Rien n’y figure pour l’usage des classes populaires ou pour les classes moyennes. La manufacture de Guise a exposé au contraire, autant que l’espace le comportait, une série d'appareils accessibles à toutes les fortunes, dans lesquels l'économie du combustible est autant étudiée qu'elle est négligée dans les produits anglais. Quelques-uns des objets de cette manufacture sont remarquables par une application d'émaux vitrifiées sur la fonte, qui leur donne l'apparence et la propreté soit de la porcelaine ou de marbres variés sur lesquels sont obtenus des effets de brillant métallique d'or, d'argent et d'acier poli qui sembleraient devoir remplacer avantageusement dans un avenir prochain les métaux polis des anglais qui sont d'un entretien si difficile. La Prusse et la Norvège ont aussi exposé quelques appareils similaires qui n'ont de remarquable que ce que leur fabrication a emprunté à celle de notre département, qui la première a remplacé la tôle par la fonte de fer dans ce genre de construction. Il y aurait bien d’autres choses à dire sur ce sujet, mais j’ai déjà été plus long peut-être que vous ne pouvez me le permettre. Néanmoins, sans qu’il y ait de ma part un sentiment de vaine gloriole, je verrais avec satisfaction que vous puissiez ne pas laisser sur notre département peser l'oubli de la commission internationale sur une fabrication qui n'est pas seulement aujourd'hui la première de France dans son genre mais bien la première du monde. » (Lettre de Godin à Charles-Désiré Mariolle-Pinguet, 3 septembre 1862) Les Fonderies et manufactures Godin-Lemaire ne reçoivent en effet aucune récompense à l’Exposition universelle de Londres en 1862. La médaille commémorative que Godin acquiert ou se voit remettre à cette occasion conserve toutefois la mémoire de l’important événement de l’histoire industrielle du Familistère. L’avers de la médaille est orné d’un groupe allégorique : le Royaume-Uni couronne l’industrie et le commerce. Au centre, la figure féminine qui représente la monarchie britannique est assise sur un trône ; elle est identifiée par les éléments des armoiries royales : un lion, une licorne et la devise « Honni soit qui mal y pense. Les deux figures féminines situées de part et d’autre sont reconnaissables à leurs attributs. L’industrie, à gauche, tient un vase orné et s’appuie sur une enclume ; à ses pieds, un putti assis serre contre lui une masse, et l’on voit derrière lui une cornue placée sur un foyer ainsi qu’une roue dentée. Le commerce, à droite, tient d’une main un caducée et de l’autre un gouvernail ; à ses pieds, un putti debout s’agrippe au manche du gouvernail. Le revers de la médaille présente un cartouche vierge dans lequel un nom pouvait être gravé. Il porte la mention « bois durci », relative à la fabrication de la médaille. Le 3 octobre 1855, un brevet d’invention d’une durée de quinze ans est délivré à Paris à François-Charles Le Page, François-Udalt-Laurent Talrich et François Pi pour « la fabrication de tous articles et objets en bois durci » : « Notre invention consiste à obtenir par agglomération, agglutination, pression, moulage à chaud et refroidissement un nouveau produit composé de sciure de bois et d’albumine » (Brevet du 3 octobre 1855). Le brevet est cédé en 1860 à la société Latry aîné et Cie, fabricant de blanc de zinc à Paris, dans l’ancienne commune de Grenelle. Latry expose des objets en bois durci à l’Exposition universelle de Londres en 1862. Sa production est alors remarquée et fait l’objet d’une description circonstanciée dans les rapports du jury sur l’exposition : « M. Latry, de Paris, prépare une composition particulière, qu’il appelle le bois durci, et avec laquelle il fait, par le moulage ou bien par le travail direct du ciseau, les objets les plus divers. Il reproduit facilement, et de la manière la plus parfaite les sculptures et les incrustations les plus variées. Il fabrique un grand nombre d’objets de bureau, encriers, serre-papiers, couteaux, etc. ; des médailles de toutes dimensions et des bijoux de deuil dont nous avons constaté la fabrication assez considérable faite en Angleterre avec l’ébonite […] M. Latry achète dans les scieries, au prix de 3 fr. 50 c. les 100 kilogrammes en moyenne, les sciures de bois des îles qu’il peut se procurer. Ces sciures sont tamisées pour en retirer les copeaux et tous les corps étrangers, et malaxées ensuite avec du sang et de l’eau, de manière à en faire une pâte consistante. La quantité de sang à employer varie avec la nature de l’objet à fabriquer. On met, par exemple, plus de sang pour faire un encrier que pour faire une simple plaque de couverture de livre. Le mélange est porté dans un séchoir pour être dépouillé de toute trace d’humidité ; après quoi la pâte est à nouveau pulvérisée dans une meule. Des bagues en fer forgé, de 3 à 5 centimètres d’épaisseur avec fond mobile, fouloir et couvercle parfaitement ajustés, sont préparées pour recevoir les matrices en creux des objets que l’on veut reproduire. Une matrice étant placée au fond d’une bague, on ajoute, à l’état parfaitement sec, la poudre dont nous venons d’indiquer la préparation. La bague, une fois chargée, est soumise à l’action d’une presse hydraulique, variant suivant l’objet à obtenir, et pouvant s’élever jusqu’à 600,000 kilogrammes. Le dessous de la bague est alors chauffée soit avec un fer rouge, soit au gaz, jusqu’à ce qu’on atteigne une température de 235 à 300 degrés. À ce moment on refroidit subitement avec de l’eau froide, on démoule, et l’opération est terminée. On obtient une substance ressemblant parfaitement à du bois. Cette invention mérite d’autant plus d’être signalée que, outre qu’elle donne le moyen de faire des jolis objets, elle permet de les obtenir à bon marché. » (Chevalier, 1862, t. II, p. 257-258). Sources et bibliographie : |
Mots-clés : | industrie ; commerce ; allégorie ; Royaume-Uni ; lion ; licorne ; exposition universelle |
Œuvres en rapport : |
Notice créée le 09/05/2019. Dernière modification le 28/05/2019.