Ce moulin servant à moudre les céréales afin d'obtenir de la farine fine a été fabriqué "en perruque" par les ouvriers de l'usine Godin de la Société du Familistère à Guise durant les années 1940.
Il s'agit en effet d'une production illicite des ouvrier utilisant, durant leur temps de travail, la matière première et l'outillage de l'usine pour fabriquer ce moulin à céréales soustrait de la production et de la commercialisation des produits de l'entreprise. Il a fallu la collaboration de plusieurs ouvriers travaillant dans divers ateliers de la Société du Familistère de Guise pour fabriquer cet appareil. En effet, un modèle conçu par l'atelier des modèles a servi au moulage de nombreux exemplaires à la fonderie qui ont été complétés à l'atelier de mécanique, fournisseur des pièces complémentaires (vis, écrous, etc...). Cette fabrication implique une grande cohésion entre les ouvriers au sein de chacun des ateliers et une certaine souplesse de la hiérarchie au sein de l'usine. Comme tous les produits réalisés "en perruque", les moulins à céréales ainsi fabriqués n'étaient pas destinés à être vendus mais plutôt échangés contre d'autres objets ou des services. Aussi les ouvriers de la tôlerie exclus de cette fabrication n'ont-ils pas tardé à produire des grilloirs à céréales en tôle qu'ils ont ainsi pu échanger. La période des années 1940 incluant de la Seconde Guerre mondiale a été particulièrement propice à ce type d'échange qu'il faut également comprendre comme une manifestation de la solidarité familistérienne quand les conditions de vie devenaient plus difficiles.