Le slogan de l’enseigne publicitaire, « Godin. Machine à laver, cuisine, chauffage, froid », indique une fabrication vers les années 1950. Au cours de cette décennie, la Société du Familistère, sous l’impulsion de René Rabaux, alors administrateur-gérant, cherche à investir le marché de l’électroménager en plein essor. À l’instar d’entreprises concurrentes comme les sociétés Arthur Martin et Faure, elle se lance dans la fabrication de machines à laver et de réfrigérateurs.

Le contexte de l’après-guerre et de la reconstruction est marqué par la recherche d’un plus grand confort dans l’espace domestique et l’accomplissement des tâches ménagères. Le raccordement des foyers français au gaz et à l’électricité se démocratise. La fréquentation du Salon des Arts Ménagers, initié par Jules-Louis Breton en 1923, s’accroît considérablement. Les fabricants exposent un large éventail d’appareils électroménagers fonctionnant au gaz et à l’électricité : radiateurs, aspirateurs, robots culinaires multifonctions, sèche-cheveux, réfrigérateurs, machines à laver la vaisselle et à laver le linge, etc. Le confort des logements et les conditions de vie des ménages se transforment.

La Société du Familistère, dont la production est dominée par des appareils traditionnels fonctionnant au charbon, tente de s’adapter à l’évolution du goût et des modes de consommation de la clientèle. En se positionnant sur le secteur de la fabrication des réfrigérateurs et des machines à laver, la gérance cherche à conquérir de nouveaux consommateurs. Cette stratégie de diversification de la production a également pour objectif de maintenir une activité constante dans les usines même en périodes de crise. Pour René Rabaux, la production de réfrigérateurs permettrait de contrebalancer le caractère saisonnier des appareils de chauffage, dont les commandes diminuent en été. Le slogan de la plaque témoigne de ce nouveau positionnement industriel. Dans les années 1950, la Société du Familistère édite également des affiches publicitaires qui vantent les appareils électroménagers « Godin ». Toutefois, l’entreprise ne remporte pas le succès escompté. En 1960, Raymond Anstell, le nouvel administrateur-gérant, met fin à ce type de production.

La plaque publicitaire « Poêles Godin » a été restaurée en 2019 avec le concours du Département de l’Aisne et de l’État (ministère de la Culture et de la Communication).

Bibliographie :
Dos Santos (Jessica), L’Utopie en héritage. La Société du familistère de Guise, de la mort de Jean-Baptiste André Godin à la dissolution de l’association (1888-1968), Lille, Thèse de doctorat, Université Charles de Gaulle – Lille III, 2012, 827 p.