Le Familistère de Laeken
Godin fonde en 1880 l’Association coopérative du capital et du travail. Alors que les travaux de construction du Familistère de Guise sont accomplis, il souhaite étendre au site de Laeken le système de l’habitation unitaire.
Une usine sans palais
La manufacture Godin-Lemaire occupe des ouvriers à Bruxelles dès 1852. Des ateliers fonctionnent à Forest, au sud de la capitale belge, en 1854. Mais ce n’est qu’après l’échec de l’aventure du Texas que Godin établit une véritable succursale industrielle en Belgique. En 1858, il acquiert au nord de Bruxelles, à Laeken, le site d’une manufacture d’impression sur coton, l’indiennerie construite par Benjamin Story en 1829.
Le terrain est compris entre la rivière La Senne au nord et le canal de Willebroek au sud. Des ateliers sont aménagés sur une partie du terrain de quatre hectares. L’usine de Laeken emploie quelque 200 personnes. Les travailleurs belges ne bénéficient toutefois pas des avantages dont profitent beaucoup de leurs collègues français. Ils n’ont pas de « Familistère ».
Un Familistère en réduction
En 1880, Godin fonde l’Association coopérative du capital et du travail, Société du Familistère de Guise. Pour accéder à la qualité de sociétaire ou d’associé, les travailleurs doivent, selon les statuts de l’Association, « habiter le Familistère ». Encore faut-il disposer d’un palais sociétaire. Pour que les travailleurs belges appartiennent pleinement à l’Association, il est nécessaire de bâtir une habitation à Laeken. Godin en forme le projet en 1883, au moment où s’achève à Guise le dernier grand chantier du Familistère, la construction du pavillon Cambrai.
Des difficultés administratives retardent longtemps la réalisation du Familistère de Laeken. La Ville de Bruxelles délivre finalement l’autorisation de bâtir le 28 avril 1887. L’habitation s’élève sur la partie est du terrain acquis en 1858, au bord du canal de Willebroek. Le pavillon est édifié sur le modèle des premiers immeubles du Familistère de Guise. La construction en briques comprend quatre niveaux d’habitation. Elle est organisée autour d’une cour intérieure protégée par une couverture de verre sur une charpente de bois. Des coursives donnant sur la cour desservent les logements des étages, accessibles par des escaliers tournants situés dans les angles du quadrilatère. L’édifice comprend 72 logements traversants. Des variantes sont toutefois adoptées : par exemple, chaque appartement dispose d’une porte et d’un vestibule séparés.
Des écoles sont construites près des jardins potagers, au nord du bâtiment d’habitation. À l’ouest de celui-ci, le long de la clôture séparant les ateliers du palais, une rangée de bâtiment abrite le lavoir, des magasins et un réfectoire.
L’ensemble est achevé en juillet 1888, quelques mois après la mort de Godin. Laeken dispose de son Familistère, réduction du Familistère de Guise.
Un palais sans usine
Après la disparition de l’Association coopérative en 1968, les ateliers et l’habitation de Laeken cessent de fonctionner et sont vendus à différents industriels. L’immeuble de logements, en partie reconstruit après la guerre de 1909-1945, est protégé par la Commission royale des monuments historiques en 1988. Si plusieurs opérations de réhabilitation du pavillon ont échoué dans les années 2000, l’édifice est pour le moment sauvegardé. Par contre, les ateliers ont été rasés en 2013 pour faire place à un centre commercial, à l’exception du grand bâtiment de l’indiennerie de Story. Le Familistère de Laeken est désormais privé de son environnement industriel. Un « Espace Godin » a été ouvert à la visite en 2016 dans l'édifice industriel conservé. L'exposition, conçue par Guido Vanderhulst et réalisée avec le concours du Familistère de Guise, évoque la vie et l'œuvre de Godin.
Pour aller plus loin :
L’album du Familistère, Guise, Les Éditions du Familistère, 2017, p. 131-142.
Notice créée le 19/09/2017. Dernière modification le 26/08/2022.