Le cliché typographique est une plaque de métal portant en relief l'empreinte inversée d'une composition typographique qui peut être un texte, une image ou la combinaison des deux, en vue de réaliser des impressions à grands tirages. La technique, dite stéréotypie, consiste à prendre l'empreinte de la forme imprimante originale à reproduire au moyen d'un carton mou appelé flan. Celui-ci est placé à l’intérieur d’un moule dans lequel est versé un alliage métallique. Le cliché obtenu peut être régulièrement remis sous presse. La plaque de métal est généralement montée sur une planche de bois.

Ce cliché a probablement été utilisé pour l’impression de documents promouvant le foyer hygiénique n° 369 D baptisé « Radiolette ». Ce petit appareil de chauffage en fonte ajourée et émaillée, garni de colonnes d’angles et d’un tampon du dessus nickelés, est décliné en deux modèles : les numéros 369 et 369 D. Le second se caractérise par l’ajout d’appliques en tôle de fer émaillée et agrémentées de motifs végétaux et floraux polychromes sur fond ivoire, fixées sur les panneaux de façade et des côtés de l’enveloppe en fonte. C’est précisément ce décor végétal qui est reproduit sur la matrice de gravure. La Radiolette, avec la Chauffette n° 299, constitue une des premières créations de la Société du Familistère après 1918 et la reconstruction de l’usine de Guise.

La Première Guerre mondiale cause l’entière destruction de l’appareil industriel de la Société du Familistère. Sous l’impulsion de l’administrateur-gérant, Louis-Victor Colin, la fabrication reprend très rapidement. La première coulée de fonte est célébrée le 16 août 1919. Si la direction choisit de reconstituer à l’identique les appareils qui ont fait la renommée de l’entreprise, de nouveaux modèles sont proposés à la vente, à l’image de la Radiolette qui bénéficie d’un programme promotionnel soutenu. Dans les années 1920, la direction investit plus massivement dans la publicité, notamment à travers l’édition d’affiches, de cartes postales et de produits dérivés. La matrice de gravure a probablement été employée dans ce contexte promotionnel d’un nouvel appareil de chauffage de la Société du Familistère. Le nom de « Godin » est mis en exergue dans un cartouche au centre de la composition. C’est à cette même époque que le patronyme du fondateur, gage de qualité, est placé au cœur de la stratégie commerciale de l’usine : il est érigé en emblème de la Société et se retrouve estampillé sur tous les produits.

Bibliographie :
Dos Santos (Jessica), L’Utopie en héritage. La Société du Familistère de Guise, de la mort de Jean-Baptiste André Godin à la dissolution de l’association (1888-1968), Lille, Thèse de doctorat, Université Charles de Gaulle – Lille III, 2012, 827 p.