En France, depuis la loi de 1806, promulguée pour protéger les soyeux lyonnais, les industriels sont invités à déposer les modèles de leur production auprès du secrétaire du conseil de prud’hommes de leur circonscription. Le Familistère de Guise conserve un ensemble de planches de modèles déposées par la Société du Familistère au conseil de prud’hommes de Guise, à la fin du XIX^e siècle et au début du XX^e siècle. La plupart de ces planches sont des montages constitués d’épreuves photographiques collées sur carton. La photographie permet d’obtenir des images fidèles et multiples, soit des dessins des modèles, soit des modèles en trois dimensions. Ceux-ci peuvent être en métal (zinc, fonte) ou bien en plâtre teint. Les épreuves servent au dépôt des modèles mais aussi à l’exécution des gravures des catalogues de la Société du Familistère. Dès 1862, d’ailleurs, Godin équipe la manufacture d’un matériel photographique pour ces usages industriels.

Le modèle n° 159 est déposé par la Société du Familistère au conseil de prud’hommes de Guise le 4 mai 1892. Il présente les différents modèles de panneaux émaillés qui peuvent orner les calorifères hygiéniques à combustion complète n° 76 à 81, appareils que la Société du Familistère inscrit à son catalogue en 1892. La planche de modèles est faite de photographies découpées : un calorifère détouré, vu de trois-quarts pour exposer le panneau émaillé latéral, et quatre panneaux découpés dans les photographies de calorifères vus sous un angle comparable. Ces panneaux sont visibles sur les calorifères n^os 76 à 81 dans l’album général de 1898. Ils sont représentés en couleur dans l’album de 1909.

Sources et bibliographie :
Paris, bibliothèque central du conservatoire national des arts et métiers, fonds Godin, correspondance, FG 15 (6) : lettre de Godin à Charles Chevalier, 5 septembre 1862.
Album général de la Société du Familistère de Guise Dequenne & C^ie. Novembre 1898, Saint-Étienne, Imprimerie, lithographie et papeterie A. Waton, 1898, p. 292 et 293.