En France, depuis la loi de 1806, promulguée pour protéger les soyeux lyonnais, les industriels sont invités à déposer les modèles de leur production auprès du secrétaire du conseil de prud’hommes de leur circonscription. Le Familistère de Guise conserve un ensemble de planches de modèles déposées par la Société du Familistère au conseil de prud’hommes de Guise, à la fin du XIX^e siècle et au début du XX^e siècle. La plupart de ces planches sont des montages constitués d’épreuves photographiques collées sur carton. La photographie permet d’obtenir des images fidèles et multiples, soit des dessins des modèles, soit des modèles en trois dimensions. Ceux-ci peuvent être en métal (zinc, fonte) ou bien en plâtre teint. Les épreuves servent au dépôt des modèles mais aussi à l’exécution des gravures des catalogues de la Société du Familistère. Dès 1862, d’ailleurs, Godin équipe la manufacture d’un matériel photographique pour ces usages industriels.

Le 8 décembre 1896, la Société du Familistère de Guise Dequenne & C^ie dépose au conseil de prud’hommes le modèle d’une petite cuisinière électrique équipée d’un four et d’une plaque de cuisson.

La Société du Familistère montre ainsi un intérêt précoce pour l’énergie électrique. L’Exposition internationale d’Électricité organisée à Paris en 1881 a montré à un large public les services que peut rendre la nouvelle énergie. Mis à part le téléphone ou l’éclairage, cependant, les premières applications domestiques de l’électricité (fer à repasser, cuisinière) n’apparaissent qu’aux alentours de 1890. La Société du Familistère crée en 1897 une série de petits appareils ménagers fonctionnant à l’électricité : chauffe-plats, bouilloires, grils et fers à repasser. Le modèle déposé en 1896 de la petite cuisinière n’y figure pas. De 1907 à 1914, les albums de la manufacture mentionnent un catalogue spécial des appareils électriques. L’histoire des usines du Familistère au XX^e siècle montre toutefois que l’entreprise délaisse le secteur de l’électroménager, à la différence de concurrents historiques comme Arthur Martin ou Faure, et se trouve dans l’incapacité d’adapter sa production à un marché en plein développement dans les années 1950-1960.

Sources et bibliographie :
​Paris, bibliothèque central du conservatoire national des arts et métiers, fonds Godin, correspondance, FG 15 (6) : lettre de Godin à Charles Chevalier, 5 septembre 1862.
Supplément général de juillet 1897 à l’album général de septembre 1892 de la Société du Familistère de Guise Dequenne & Cie, Le Cateau, Typographie et lithographie J. Roland, 1897, p. 104-105.