28 février 2019
Des rues pavées de verre
Le chantier de restauration de la cour intérieure de l’aile gauche du Palais social voit la concrétisation de deux ans de recherches et d’études.
La restitution des sols d’origine des galeries de circulation de l’édifice reconstruit en 1923 est entamée depuis le mois de janvier 2019. Sur la structure métallique entièrement restaurée par l’entreprise Dumanois, l’équipe de Bat&Verre, chargée de la pose des pavés de verre, s’est mise à l’ouvrage. Les pavés, on s’en souvient, ont été fabriqués par une verrerie portugaise au mois de novembre 2018 (voir Au Portugal, une verrerie travaille pour le Familistère).
Une mise en œuvre méticuleuse
La gorge de chaque pavé de verre est ceinte soigneusement sur les quatre côtés d’un épais joint pare-flamme, élément essentiel de la stabilité au feu du revêtement (voir L’épreuve du feu). Les bandes de joint sont préparées à l‘avance, avec précision, pour épouser exactement le contour des pièces. Le pavé et son joint doivent être insérés en force dans la structure métallique sans endommager ni le verre, ni le métal, ni la peinture intumescente de la coursive. Les espacements entre les pavés doivent en outre être très réguliers pour obtenir une surface agréable à l’œil. Le poseur utilise des ciseaux de maçon d’épaisseurs différentes pour comprimer parfaitement le joint. Les galeries présentent de front six pavés de 19,5 centimètres de côté, entre deux étroites bandes latérales de béton, le long de la façade et au pied du garde-corps. L’intervalle entre les pavés, inférieur à un centimètre, sera par la suite comblé par un joint en silicone de couleur grise pour assurer l’étanchéité du revêtement et protéger l’âme des aciers fins qui forment le quadrillage.
Cent pavés par jour
La contrainte technique n’est pas la seule difficulté de la mise en œuvre des pavés de verre : le poseur est agenouillé en permanence ! C’est très inconfortable, même s’il porte des genouillères et se tient sur un bloc de mousse. Plus ou moins cent pavés sont posés par jour, soit trois à quatre mètres linéaires de coursive. De semaine en semaine, l’avancée est remarquable. En totalité, près de 7 500 pavés seront utilisés pour recouvrir le sol des trois niveaux de galeries de la cour intérieure.
Planchers translucides
La vue du dessus de la galerie montre bien comment les facettes de la surface des pavés accrochent la lumière. Le joint périphérique est peu visible à travers le verre ; la perception en sera encore atténuée lorsque les barbes du joint seront éliminées. La vue du dessous de la galerie du troisième étage est actuellement la plus éloquente. Malgré l’importance de la structure porteuse de la coursive (si discrète sur le dessus), la translucidité du revêtement est frappante. Sans doute, l’attention des passants des galeries sera attirée par ce qui surviendra au-dessus de leur tête. Il est encore difficile d’apprécier l’effet général produit dans la cour par le nouveau revêtement. La présence d’échafaudages, les protections placées sur le verre au fur et à mesure de la pose et l’état dégradé des façades ne le permettent pas. Patience.