9 mai 2022
Chronique de Germinal : atelier #7
Un mois déjà qu'elles et ils se sont lancé·es dans l'aventure. Tous les jeudis à 19 h 00 les acteurs et actrices volontaires de Germinal se rassemblent au théâtre du Familistère pour deux heures d'atelier de pratique théâtrale sous la direction de la comédienne Marie Recours et sous le regard de Jean-Bernard Philippot, directeur artistique et metteur en scène de la compagnie Nomades.
Jeudi 5 mai 2022 : place aux femmes (mais pas que).
La troupe des acteurs volontaires de Germinal a été séparée pour mieux avancer dans le travail au plateau. Après l'atelier des hommes le 28 avril, c'était le tour des femmes. Elles étaient 34 sur 41 à participer. Mais il arrive que les affaires de genre se brouillent. Quelques humains plus ou moins masculins s'étaient glissés dans la salle.
Jean-Bernard Philippot anime la séance. Après les exercices habituels d'échauffement de la voix et de situation dans l'espace, il propose aux groupes qui se succèdent sur scène des situations inédites dans lesquelles s'affirme un collectif. Il s'agit de propager une rumeur, une nouvelle ou une revendication sur une place de village. Jean-Bernard lance des thèmes de toutes sortes. Pour le premier groupe : « Chico est mort ! » ; « Il n'y a plus de poisson ! » ; « On ne va pas se laisser faire, on fait grève ! ». Pour le deuxième groupe : « le député Jean-Louis Bricout est là ! » (en effet, le député de la circonscription de Vervins était présent, de même que le maire de Vailly-sur-Aisne, pour assister à la séance) ; « Quelqu'un peut-il appeler un docteur ? » ; « La mine s'est effondrée ! ». On le voit, peu à peu, au cours des ateliers, Germinal pointe le bout du nez. Dans ces exercices, Jean-Bernard souhaite faire apparaître un corps social.
Petite revue d'effectif. Jean-Bernard poursuit l'enregistrement des portraits instantanés des comédien·nes volontaires, qui lui serviront d'aide-mémoire pour préciser le rôle de chacun·e. Chacune à son tour s'avance sur la scène et complète la formule « Je suis la seule à... » (sans oublier de s'arrêter avant de déclamer, bien sûr !). Lili est la seule avec Clotilde à faire le championnat de kayak, Clotilde est la seule à faire avec Lili le championnat de kayak, Camille est la seule à avoir un accent, Marine la seule à travailler au Familistère, Catherine la seule à avoir joué dans le théâtre, Françoise la seule à ne pas faire son âge, etc. C'est vif, drôle, et révélateur des personnalités.
Nouvelles propositions de jeu par Jean-Bernard. Quatre groupes se voient attribuer un thème différent qu'il faut interpréter avec pour seul bagage la petite phrase que chacun·e a choisie au début des ateliers. Pas facile de faire l'épicière en répétant « Le petit chat est mort », mais l'exercice permet de travailler l'intention, l'expressivité, la gestuelle, la relation aux autres, sans être embarrassé·e encore par un texte à réciter. On assiste ainsi à une soirée organisée par Louison qui a oublié d'acheter de quoi nourrir les invités, à un entretien d'embauche, l'activité d'une boutique, à une brocante et à un pique-nique. Et on sent bien que ces sujets ne sont pas tout à fait choisis au hasard et que Jean-Bernard a une petite idée derrière la tête en les installant sur scène.
Enfin, l'assemblée des femmes à nouveau séparée en deux, l'atelier #7 s'achève avec deux improvisations en groupe, suivant les indications données au fur et à mesure par Jean-Bernard : « Dans la mine » et « À la ducasse ». Ici le travail dans les galeries, la pause casse-croûte, l'alerte à l'effondrement. Là, la danse, les jeux, le débit de boissons. Autant il est aisé de de donner du caractère à la mine, autant cela s'avère délicat pour la ducasse, scène complexe sans images toutes faites. Le théâtre est un art de la clarté, mais pour y parvenir...
Pour en savoir davantage :
Germinal au Familistère
Pour lire et voir les épisodes précédents :
Atelier #4 du 31 mars 2022
Atelier #5 du 7 avril 2022