14 avril 2020
Récits du Familistère au temps du Coronavirus Fenêtre sur cour
L’épidémie de Coronavirus apparue en janvier 2020 provoque un état d’urgence mondialisé qui confine l’humanité, mais qui ne peut suspendre la pensée et le désir d’une société alternative dont chacun·e conçoit bien l’extrême nécessité. Nous rongeons notre frein, mais pas seulement. Beaucoup d’entre nous s’appliquent à réfléchir à l’état de défiance et s’emploient à le surmonter. Plusieurs fois par semaine de confinement, le Familistère invite une personnalité, géographe, historien·ne, artiste, architecte, sociologue, écrivain·e, entrepreneur/euse ou médecin, à proposer la lecture d’une image du Familistère dans le contexte de l’épidémie et de ses conséquences sociales et politiques. Aujourd'hui, Mathieu Desailly, graphiste, scénographe et plasticien.
POUR QU’UN SOUFFLE NOUVEAU NOUS PORTE ET NOUS EMPORTE...
Un souffle…
Fermez les fenêtres. Couper les ponts. Ne plus transmettre. Se confiner.
Ce qui fait société n’est-il pas l’air qui passe entre nous : celui-là même que nous respirons chaque jour et que nous partageons ?
Alors, si l’air doit être confiné, si nos fenêtres doivent rester fermées, ouvrons les canaux qui nous restent encore accessibles…
Le Familistère me fait penser à une fourmilière humaine où chacun prend sa part
Une forme d’intelligence collective en somme. Le JE et le NOUS comme profession de foi…
Qu’en est-il de nos sociétés quand le NOUS disparait au profit du JE confiné ?
La fourmilière se referme alors sur elle-même… ferme ses coursives, ses portes et ses fenêtres…
Mais l’autre et son altérité ne sont-ils pas une nourriture tout aussi importante que l’air ?
Fermer les fenêtres alors pour mieux réfléchir à la façon de les rouvrir ensuite ?
Pour qu’un souffle nouveau nous porte et nous emporte,
et constater qu’en fait,
quoi de plus beau que des portes et des fenêtres ouvertes
dans lesquelles peuvent s’engouffrer le vent et les pensées des uns et des autres.
Mathieu Desailly
Mathieu Desailly est graphiste, scénographe et plasticien. Au sein du collectif Tout reste à faire, il développe avec le scénographe Vincent Gadras et le compositeur David Chalmin un merveilleux projet, Anima (ex) musica, dont le bestiaire utopique sera présenté au Familistère de Guise en 2021.